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Typographe européen de l'épinette

Contrôle d'espèces de type Insecte
  • Ordre : Coleoptera
  • Famille : Curculionidae
  • Latin : Ips typographus L.
  • Français : Typographe européen de l'épinette
  • Anglais : European spruce bark beetle
Contrôle

Introduction

Vecteur de Ceratocystis polonica Siemaszko.

Lois

Cette maladie fait l'objet de multiples directives de l'Agence Canadienne d'Inspection des Aliments :

Directives

  1. D-98-08 : Exigences relatives à l'entrée au Canada des matériaux d'emballage en bois produits dans toute région du monde autre que la zone continentale des États-Unis
  2. D-01-12 : Exigences phytosanitaires régissant l'importation et le transport en territoire canadien de bois de chauffage
  3. D-02-12 : Exigences relatives à l'importation de produits de bois non manufacturé et d'autres produits de bois non destinés à la multiplication (sauf les matériaux d'emballage en bois massif), provenant de toutes les régions autres que la partie continentale des Etats-Unis

Prévention

Puisque ni l'insecte ni le champignon de bleuissement ne sont présents au Canada, les principales interventions visent à empêcher leur installation au pays. L'importation de bois est réglementée et limitée par la directive D-02-0-12 de la division de la protection des végétaux de l'Agence canadienne de l'inspection des aliments (http://www.inspection.gc.ca/francais/plaveg/protect/dir/d-02-12f.shtml ). L'installation de pièges à proximité des endroits où l'on peut trouver du bois d'arrimage permet de surveiller les endroits à risque et de capturer tous les scolytes pouvant avoir voyagé avec ce bois et avoir passé la frontière. Les insectes perceurs sont régulièrement les vecteurs de divers champignons. Le typographe constitue le principal vecteur d'Ophiostoma polonicum Siemaszko (Ceratocystis polonica) qui représente un des plus virulents champignons de bleuissement pour les épinettes. Des études d'inoculation ont démontré qu'outre l'épinette de Norvège, les épinettes indigènes suivantes sont susceptibles : Picea sitchensis, Picea glauca, Picea mariana. (Nappo 2005)Pour sa part, Ophiostoma polonicum est si virulent qu'il est l'un des rares champignons de ce type à provoquer un ralentissement de la croissance en diamètre quelques semaines seulement après le début l'infection. Les lésions finissent par priver l'arbre de ses ressources ; son feuillage flétrit (environ 15 semaines après une inoculation massive), l'arbre se dessèche et finit par mourir. Le complexe typographe et O. polonicum constitue un mélange explosif pour les épinettes de Norvège et l'on saisit mieux les efforts déployés par les européens pour tenter de conserver le contrôle.
Les mesures de contrôle décrites sont appliquées en Europe et permettent de réduire les effets du typographe européen de l'épinette.

Contrôle

1. Mécanique et sylvicole

Les épidémies de scolytes sont souvent associées à des conditions météorologiques extrêmes tel les tempêtes de vents et la sécheresse. Ces conditions sont difficilement contrôlables. Mais en favorisant certaines méthodes d'aménagement, les populations de scolytes peuvent être contrôlées, avec un niveau de dommage faible (Bakke 1989). L'abattage des arbres atteints, avant l'émergence de la nouvelle génération, est un moyen de contrer le scolyte et de diminuer sa population. Cependant les billes de bois ne doivent pas demeurer sur place ce qui peut parfois être compliqué en forêt. Ce bois infesté devrait être brûlé ou enfoui. Les scolytes sont attirés par les arbres tués lors de chablis. Ces arbres devraient être récupérés au bon moment suite à l'épisode de chablis, dans le meilleur des cas après l'infestation du printemps suivant, mais avant l'émergence des couvées estivales (Wermelinger 2004). Ces bûches agissent alors comme ''arbres pièges''.
Les arbres pièges sont des arbres qui sont volontairement tués pour attirer les scolytes à venir s'y établir pour pondre. Les arbres peuvent avoir été traités avec un herbicide desséchant, ou blessés avec des incisions annulaires ou simplement coupés. Entre l'installation des scolytes pour leur ponte et le processus d'émergence des nouvelles couvées, l'arbre est coupé, si ce n'est déjà fait et détruit. Ceci permet de réduire considérablement la population de scolyte car ceux-ci auront plus tendance à aller s'installer dans un arbre moribond qu'un arbre sain. Les épidémies d'Ips typographus seront moins importantes dans des peuplements à essences variées où les épinettes ne seront pas une composante majeure (Wermelinger 2004). La surveillance devrait être accrue dans des périodes de conditions météorologiques défavorables aux épicéas, les sécheresses et les tempêtes, par exemple (Wermelinger 2004). De plus, toutes les actions entreprises dans la gestion de la forêt devraient viser à augmenter la robustesse du peuplement.

2. Chimique

Le piégeage est une méthode largement utilisée pour lutter contre le typographe. Des pièges sont même commercialisés. Les pièges sont garnis de phéromones sexuelles pour attirer les scolytes. Cependant, leur efficacité réelle dépend de maints paramètres comprenant l'emplacement et les conditions environnementales locales. L'efficacité sur la diminution des populations de scolytes est limitée, cependant ils permettent de surveiller les peuplements fragiles et de détourner les scolytes des arbres vivants et limiter leur reproduction. Utilisés à titre préventif, ces pièges peuvent ralentir la progression d'une épidémie en protégeant ses limites (Wermelinger 2004).
Les arbres-pièges vivants et traitées avec des phéromones et des insecticides sont beaucoup plus efficaces que les pièges artificiels (Wermelinger 2004). Le sacrifice d'arbres de moindre valeur permet de protéger le reste du peuplement.
Insecticide homologué au Canada pour le typographe : Aucun
Insecticide homologué en Europe pour le typographe : deltaméthrine
Si une introduction de typographe était détectée, il serait souhaitable d'évaluer rapidement la possibilité d'utiliser certains produits déjà homologués contre d'autres insectes exotiques, tels le chlorpyrifos ou l'azadirachtin.

3. Biologique

Selon Warzée et Grégoire 2003, Thanasimus formicarius (L.) est un coléoptère grand prédateur de scolytidées. Sa période de vol de plus de 4 mois, du moins en Wallonnie, suit l'apparition des premiers scolytes. Il peut constituer un moyen de lutte s'inscrivant en supplément aux moyens mécaniques et sylvicoles ou même chimiques.

5. Les étapes d'un programme de lutte intégrée

Le programme de lutte intégrée n'est envisageable que lorsque les infections sont sous le seuil épidémique. Voici le programme recommandé par Abgrall et Soutrenon 1991.

  1. À titre préventif, éliminer systématiquement toutes les épinettes affaiblies ou dépérissantes, éviter de laisser trainer le bois abattu sur les parterres de coupe; éviter de laisser trainer des arbres chablis et des rémanents de coupe. Les préparations commerciales des phéromones de synthèse du typographe peuvent être utilisées en forêt pour la surveillance des populations.
  2. Dès la détection d'un foyer d'infection du typographe, il faut intervenir rapidement et éliminer et écorcer les sujets atteints au plus 6 semaines après l'abattage durant la période à risque, de mai à octobre. Procéder simultanément, soit par traitement chimique des écorces, et des rémanents de coupe par pulvérisation de deltaméthrine (pour l'Europe), soit à leur incinération.
  3. Dans le cas de foyers importants la méthode des arbres pièges est recommandée. Une douzaine d'arbres seront sacrifiés à cet effet par hectare et par an à raison de deux tiges par hectare par mois, renouvelé tout les deux mois. Les arbres piège seront écorcés, brulés ou traités chimiquement seulement après avoir constaté des pénétrations, des indices de ponte ou un début de développement larvaire du grand typographe. L'utilisation de phéromones de synthèse permet d'améliorer et de simplifier la technique des arbres pièges en évitant l'écorçage. Les arbres pièges choisis seront traités avec insecticide puis aussitôt amorcés d'un diffuseur de phéromone : les adultes seront tués au fur et à mesure de leur arrivée au cours de leur tentative de pénétration de l'écorce.
  4. Il faut finalement s'assurer de sortir de la forêt les bois récoltés dans des délais stricts ne permettant pas le développement complet des scolytes, soit avant mi-mars – mi-juin selon les régions pour les exploitations effectuées d'octobre à mai; 6 semaines maximum après l'abattage durant la période à risque, de mai à octobre. (Anonyme 2004)
  5. Ces produits doivent être stockés à une distance suffisante (au moins 5 km) des massifs forestiers, ou entrer rapidement dans le processus de transformation.

Références

Références

  1. [Anonyme]. 2004. Lutte contre le typographe 2004. Département de la santé des forêts juin 2004, http://www.forestpests.org/france/LuttetypographeA4.pdf Consulté le 26 janvier 2009
  2. Abgrall, J.F. et A. Soutrenon. 1991 La forêt et ses ennemis, 3ième édition. CEMAGREF Grenoble pp. 191-194.
  3. Bakke, A. 1989. The Recent Ips typographus Outbreak in Norway: Experiences from a Control Program. Holarctic Ecology 12(4): 515-519.
  4. Humphreys, N., and Allen, E. 1999. Eight-spined spruce bark beetle - Ips typographus. Exotic Forest Pest Advisory Pacific Forestry Centre, Canadia Forest Service(3): 4.
  5. North American Plant Protection Organisation. 2005. Nappo phytosanitary alert system - Ceratocystis species. http://www.pestalert.org/viewNewsAlert.cfm?naid=1 consulté le 26 janv.-09
  6. Warzée, N. et Grégoire, J.C. 2003. Le cas exemplaire de Thanasimus formicarius L. Forêt Wallonne no 66. http://homepages.ulb.ac.be/~nwarzee/FW66_02-06.pdf Consulté le 26 janvier 2009
  7. Wermelinger, B. 2004. Ecology and management of the spruce bark beetle Ips typographus - a review of recent research. For. Ecol. Manag. 202: 67-82.
Auteurs

Auteurs

Jacques Tremblay et Pierre DesRochers

Réviseurs

Réviseurs

Robert Lavallée

Photos