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Chancre scléroderrien, race européenne

Contrôle d'espèces de type Maladie
  • Latin : Gremmeniella abietina var. Eu (Lagerberg) Morelet
  • Français : Chancre scléroderrien, race européenne
  • Anglais : Scleroderris canker, European strain
  • Sous-division : Ascomycota
  • Ordre/classe : Helotiales
  • Synonyme(s) : Lagerbergia abietina, race européenne (Lagerberg) J. Reid in Dennis , Ascocalyx abietina, race européenne (Lagerberg) Schläpfer , Scleroderris abietina, race européenne (Lagerberg) Gremmen , Scleroderris lagerbergii, race européenne Gremmen
Contrôle

Introduction

Comme les deux races de Gremmeniella abietina causent des dommages pouvant varier sur les pins de différentes espèces, il est important de bien identifier la maladie lorsque celle-ci est observée pour la première fois dans un peuplement, une plantation ou en pépinière. Ceci aidera le pronostic.

Lois

Cette maladie fait partie des parasites règlementés par le Canada, il est l'objet des directives suivantes :

Directives

  1. D-98-02 : Importation et transport au Canada de plantes et de parties végétales du genre Pinus spp. pour empêcher de l'entrée et de la propagation du chancre scléroderrien, Gremmeniella abietina (Lagerb.) Morelet, variété abietina (race européenne)
  2. D-98-08 : Exigences relatives à l'entrée au Canada des matériaux d'emballage en bois produits dans toute région du monde autre que la zone continentale des Etats-Unis
  3. D-02-02 : Exigences Phytosanitaires Régissant l'Importation de Végétaux Avec ou Sans Racines, de Parties de Végétaux et de Végétaux en Culture In Vitro Destinés à la Plantation
  4. D-01-12 : Exigences phytosanitaires régissant l'importation et le transport en territoire canadien de bois de chauffage
  5. D-02-12 : Exigences relatives à l'importation de produits de bois non manufacturé et d'autres produits de bois non destinés à la multiplication (sauf les matériaux d'emballage en bois massif), provenant de toutes les régions autres que la partie continent

Prévention

La surveillance des arbres doit se faire régulièrement aux 2-3 ans dans les plantations, pendant les 10-15premières années après l'établissement. Il est plus facile de détecter les bourgeons infectés qui ne débourrent pas, à la sortie des nouvelles pousses. En pépinière, les semis devraient être inspectés aussitôt le couvert de neige fondu et régulièrement au cours de la saison de croissance par la suite.
La détection moléculaire de G. abietina var. abietina réduit de beaucoup le temps d'analyse des échantillons par rapport à la méthode classique de mise en culture et permet de détecter des aiguilles asymptomatiques (Hamelin et al. 2000). Cette méthode permet d'obtenir une détection de G. abietina et l'identification de la race en quelques heures ce qui est intéressant pour les pépinières qui doivent livrer les semis avec un certificat phytosanitaire.
Lors de l'implantation d'une nouvelle pépinière ou d'une plantation, divers facteurs devraient être pris en compte. Les espèces de pin non sensibles à cette maladie devraient être privilégiées et elles devraient être plantées dans leur aire naturelle (Laflamme 1991). La topologie du terrain est aussi importante. Les endroits où la neige tend à s'accumuler et à fondre plus lentement au printemps sont à proscrire. L'état de la forêt avoisinante devrait être pris en compte lors de l'établissement de nouvelles plantations et des traitements appropriés devraient être appliqués si des zones d'arbres chancrés sont observées.

Contrôle

1. Mécanique et sylvicole

La meilleure mesure de contrôle du chancre scléroderrien race européenne, demeure la prévention (Laflamme 1991). Autant en pépinière qu'en plantation, les foyers d'inoculum adjacents, tels les haies ou arbres infectés, devraient être retirés. Cette mesure préventive vise à réduire les probabilités d'épiphytie. Ceci est très important en pépinière car un seul semis infecté suffit pour suspendre la délivrance du certificat phytosanitaire. L'intervention sylvicole la plus recommandée actuellement est l'élagage de toutes les branches de la moitié inférieure de l'arbre (Laflamme 1999). Si nécessaire, les deux tiers des branches inférieures peuvent être taillées si l'état de la plantation se dégrade. La hauteur de l'élagage doit être plus élevée que la hauteur de l'infection si elle est déjà présente (Laflamme 1999). Selon l'âge ou l'état de santé des peuplements, d'autres méthodes peuvent être ajoutées. De même, tous les arbres atteints sévèrement ou mourants devrait être abattus. Le matériel taillé peut être laissé sur place, en autant qu'il ne puisse entrer en contact avec des branches saines. On recommande une zone de 60 cm sans branches afin d'éviter la remontée des conidies, provenant des pycnides, par suite de l'impact des gouttes de pluie sur les rameaux infectés. L'élagage et les mesures appliquées dans un premier temps pourraient être inefficaces si l'assainissement n'a aucun suivi dans les années subséquentes. Les recommandations peuvent varier selon le pronostic établi qui dépend du taux et de la sévérité de l'infection et du taux de mortalité. Il est donc important avant toute intervention de bien connaître l'état de la plantation par une surveillance assidue (Laflamme 1991). Comme les deux races de G. abietina causent des dommages sur des pins différents et peuvent varier, il est essentiel de bien identifier la maladie. Il est aussi important de noter qu'une fois la maladie détectée dans une plantation, si aucune mesure sanitaire n'est prise, il est certain que les arbres subiront des dommages importants pouvant aller jusqu'à la perte complète de la plantation (Laflamme 1999).

2. Chimique

La lutte chimique n'est pas envisageable en plantation. L'application de fongicide sur les semis en pépinière permet de lutter de façon préventive contre G. abietina var. abietina. Plusieurs traitements, à partir de la sortie des nouvelles pousses jusqu'à l'automne, permettent de réduire l'incidence de la maladie. Cependant, ce traitement n'est pas infaillible et il arrive parfois que des plants se retrouvent infectés. Des traitements plus radicaux ont été mis à l'essai (augmentation de la concentration du produit, réduction de fréquence d'application), mais il est difficile de les rendre opérationnels (Laflamme 1991).

Le fongicide homologués au Canada contre le chancre scléroderrien contiennent l'ingrédient actif chlorothalonil.

Attention
Il existe une variété de produits chimiques pour lutter contre les insectes, cependant, ceux-ci peuvent être toxiques pour certaines plantes hôtes, des animaux, les êtres humains ou l'environnement en général. Plusieurs peuvent être mortels pour les humains. Pour éviter les dangers pour la santé humaine et l'environnement, le Canada a adopté la Loi sur les produits antiparasitaires (LPA) dont l'application a été confiée à l'Agence de Réglementation de la Loi Antiparasitaire (ARLA; http://www.hc-sc.gc.ca/ahc-asc/branch-dirgen/pmra-arla/index-fra.php). La catégorie d'utilisation (domestique, commerciale, agricole), les risques pour la santé et l'environnement, les conditions et les restrictions à l'utilisation de chaque pesticide sont décrits sur l'étiquette accompagnant le produit. Il est obligatoire de se conformer aux directives et conditions énoncées sur l'étiquette d'un pesticide. Les provinces peuvent aussi réglementer l'utilisation et les utilisateurs de pesticides sur leur territoire. Pour plus d'information, consulter la base de données de l'ARLA à l'adresse suivante : http://pr-rp.pmra-arla.gc.ca/portal/page?_pageid=53,33557&_dad=portal&_schema=PORTAL

3. Biologique

Lors d'essais in vitro, Phaeotheca dimorphospora s'est avéré être un agent de contrôle biologique potentiel. Il inhibe la croissance des colonies de G. abietina var. abietina. Les métabolites de P. dimorphospora sont toxiques pour G. abietina var. abietina. De plus, l'agent de biocontrôle produit plusieurs métabolites antagonistes et peut s'établir dans l'aiguille des pins sans causer de symptômes et de dommages (Yang et al. 1995; Yang et al. 1993). Cependant, cet agent de contrôle biologique n'est pas homologué. Aucune méthode d'application ou formulation de produit n'ont été développées.

4. Génétique

La sélection de pins résistants à la maladie est envisagée pour l'avenir. Le pin tordu (Pinus contorta) et le pin gris (Pinus banksiana) sont naturellement résistants à la race européenne de G. abietina var. abietina (Laflamme and Blais 2000; Laflamme et al. 2006; Simard et al. 2001). Cependant, ces deux pins ne présentent pas la prestance du pin rouge et ils peuvent être porteurs de la maladie.

5. Les étapes d'un programme de lutte intégrée

  1. Éviter les zones à risques et les espèces sensibles lors de l'établissement de nouvelles productions en pépinière ou de nouvelles plantations.
  2. Éviter de planter des pins dans des zones où la neige tant à fondre lentement au printemps, car la neige accélère la production d'inoculum.
  3. Enrayer les foyers d'infection à proximité des plantations et pépinières.
  4. Inspecter les semis et les pins régulièrement.
  5. Bien identifier Gremmeniella abietina et sa race lorsque la maladie est présente car les traitements peuvent différer selon la race en présence.
  6. Traiter avec des antifongiques préventifs les semis en pépinière selon la posologie recommandée par les experts tout au long de l'été.
  7. Élagage de la moitié ou les deux tiers des branches des pins de moins de quinze ans en plantation. S'assurer de conserver 60 cm sans branches entre les résidus d'élagage et la cime résiduelle verte. Couper les arbres plus petits si la maladie est présente.
  8. Couper tous les arbres très atteints.
  9. Assurer un suivi des plantations sur plusieurs années et effectuer d'autres élagages si nécessaire.

Légal

En instaurant des zones de quarantaines et en limitant les déplacements de matériel, l'incidence du chancre scléroderrien peut être réduite. De même, le matériel qui passe des pépinières aux plantations devrait être complètement exempt de G. abietina. Il est donc important que l'émission de certificats phytosanitaires tiennent compte des infections asymptomatiques du champignons (Skilling et al. 1986). Pour plus d'informations, consultez ce site : http://www.inspection.gc.ca/francais/plaveg/pestrava/greabi/greabif.shtml consulté en février 2008

Références

Références

  1. Agence canadienne d’inspection des aliments. 2005 Chancre scléroderrien. http://www.inspection.gc.ca/francais/plaveg/pestrava/greabi/greabif.shtml consulté en janvier 2008.
  2. Direction de l'environnement et de la protection des forêts. [SD]. Le chancre scléroderrien. http://www.mrn.gouv.qc.ca/forets/fimaq/controle/fimaq-controle-insectes-chancre.jsp consulté en janvier 2008.
  3. Hamelin, R.C., Bourassa, M., Rail, J., Dusabenyagasani, M., Jacobi, V., and Laflamme, G. 2000. PCR detection of Gremmeniella abietina, the causal agent of Scleroderris canker of pine. Mycological Research 104(5): 527-532.
  4. Laflamme, G. 1991. Le chancre scléroderrien des pins. Forêts Canada, Re´gion du Que´bec, Feuillet d'information CFL 3, 13 pp.
  5. Laflamme, G. 1999. Successful control of Gremmeniella abietina, European race, in a red pine plantation.; Traitement réussi d'une plantation de pins rouges affectée par le Gremmeniella abietina, race européenne. Phytoprotection 80(2): 55-64.
  6. Laflamme, G., and Blais, R. 2000. Resistance of Pinus banksiana to the European race of Gremmeniella abietina. Phytoprotection 81(2): 49-55.
  7. Laflamme, G., Rioux, D., Simard, M., Bussières, G., and Mallett, K. 2006. Resistance of Pinus contorta to the European race of Gremmeniella abietina. Forest pathology (Journal de pathologie forestière) 36(2): 83-96.
  8. Simard, M., Rioux, D., and Laflamme, G. 2001. Formation of Ligno-Suberized Tissues in Jack Pine Resistant to the European Race of Gremmeniella abietina. Phytopathology 91(12): 1128-1140.
  9. Skilling, D.D., Schneider, B., and Fasking, D. 1986. Biology and control of scleroderris canker in North America. USDA Forest Service research paper NC North Central Forest Experiment Station; 1986 (275).
  10. Yang, D., Laflamme, G., Bernier, L., and Dessureault, M. 1995. Phaeotheca dimorphosphora as a potential biocontrol agent for shoot blight caused by Gremmeniella abietina. Canadian Journal of Plant Pathology 17(1): 7-12.
  11. Yang, D., Plante, F., Bernier, L., Piche, Y., Dessureault, M., Laflamme, G., and Ouellette, G.B. 1993. Evaluation of a fungal antagonist, Phaeotheca dimorphospora, for biological control of tree diseases. Canadian Journal of Botany 71(3): 426-433.
Auteurs

Auteurs

Josée Grondin et Pierre DesRochers

Réviseurs

Réviseurs

Jacques Tremblay et Gaston Laflamme

Photos