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Maladie corticale du hêtre

Contrôle d'espèces de type Maladie
  • Latin : Neonectria faginata (Lohman et al.) Castl.
  • Français : Maladie corticale du hêtre
  • Anglais : Beech bark disease
  • Sous-division : Ascomycota
  • Ordre/classe : Hypocreales
  • Synonyme(s) : Neonectria faginata (Lohman et al) Castl. Rossman
Contrôle

Introduction

La maladie corticale du hêtre implique une interaction entre un insecte et un agent pathogène. Neonectria faginata (Lohman et al.) Castl.Cryptococcus fagisuga Lindinger

Prévention

La surveillance des sites se doit d'être constante pour détecter rapidement l'arrivée des kermès du hêtre (Cryptococcus fagisuga Lindinger) et du champignon Neonectria faginata (Lohman et al.) Castl. Ceci permettra aussi de repérer les hêtres sains ou peu affectés par la cochenille.

Une densité relative adéquate, un mode de récolte qui protège les racines contre les blessures, une forêt de composition variée et des hêtres à l'écorce lisse sont autant de facteurs qui préviennent les infestations de cochenille et l'infection subséquente des Nectria sp. (Burns et Houston 1987; Davis and Meyer 2004).

Contrôle

1. Mécanique et sylvicole

Avant de procéder à des interventions sylvicoles en vue de minimiser l'impact de la maladie corticale du hêtre dans un peuplement divers facteurs doivent être analysés. En effet, outre l'âge, la taille et la vigueur des arbres, il faut tenir compte de la composition du peuplement et de la densité en arbres (McCullough et al. 2005). L'état de santé du peuplement devrait d'abord être bien examiné. Des interventions ne devraient être envisagées que lorsque la condition du peuplement le requiert. Le but de toute manipulation devrait être d'obtenir un meilleur état de santé général du peuplement (Burns and Houston 1987). Le traitement prescrit dépendra de cette analyse. Les normes qui suivent sont condensées. Avant d'entreprendre des interventions, un professionnel devrait être consulté.Il y a quelques types de situations possibles : 1) un peuplement sain sans insectes, ni champignon, 2) un peuplement avec insecte, mais sans champignon et 3) un peuplement avec insecte et champignon où la mortalité a commencé à apparaître.Dans les deux premiers cas, les peuplements sont hautement vulnérables à la maladie, particulièrement si le hêtre est dominant. Les gros hêtres de la strate supérieure qui sont en mauvais état devraient être coupés, surtout si leur écorce est abimée, même avant que la mortalité n'atteigne cet endroit. Le but de ces interventions est de diminuer le nombre d'hêtres dominants de grande taille et d'augmenter la diversité en essences d'arbre pour amoindrir l'effet de la maladie lorsque celle-ci atteindra ce peuplement (Heyd 2004). Le transport du bois devrait être limité pour éviter la propagation. Le transport devrait se faire l'hiver. La régénération naturelle devrait être contrôlée pour limiter la reprise des hêtres, d'autres essences devraient être privilégiées (McCullough et al. 2005). Les hêtres sains avec peu ou sans cochenilles devraient être identifiés et protégés (Heyd 2004). Ces arbres sains auront le plus souvent une écorce lisse exempte de d'irrégularités et de crevasses (Burns and Houston 1987). Une fois ces arbres identifiés, ils doivent être protégés en laissant des arbres protecteurs autour d'eux qui limiteront l'expositions aux agents de stress (Farrar and Ostrofsky 2006). Une fois que la maladie est passée et que le site est stabilisé, une régénération naturelle s'installera, cependant la plantation d'arbres peut être nécessaire si la forêt a été considérablement atteinte et que l'on veut favoriser une plus grande diversité d'arbres dans le site.
Certains hêtres sont retrouvés en solitaires dans des parcs et des terrains privés. Lorsque ces hêtres sont seulement atteints par le kermès sans Nectria, ils peuvent être traités en enlevant la soie faite par la cochenille avec du savon, à la main ou avec un jet d'eau. Il est important de traiter l'écorce avec précaution (Davis and Meyer 2004). Cependant, si les hêtres se retrouvent dans un endroit très fréquenté et qu'ils sont atteints de la maladie corticale du hêtre, il faudra les couper car ces arbres sont sujet à se briser subitement (McCullough et al. 2005) ce qui serait une menace pour la sécurité du public.

2. Chimique

Un traitement sur l'écorce avec un savon insecticide contre les cochenilles peut être envisagé pour les arbres ornementaux dans les endroits publics et les propriétés privées. En joignant ce traitement à un enlèvement mécanique de la laine des cochenilles, le hêtre est mieux protégé contre une attaque subséquente des Nectria (Davis and Meyer 2004; McCullough et al. 2005).
Insecticide homologué au Canada : Savon insecticide contre l'insecte.
D'un autre côté, lorsqu'un hêtre est mort des conséquences de la maladie corticale, le développement végétatif par rejet de cet arbre devrait être évité. Pour ce faire, l'usage d'herbicide peut faciliter le travail des forestiers (Ostrofsky and McCormack 1986).
Herbicides homologués au Canda : Glyphosate et triclopyr.

Attention
Il existe une variété de produits chimiques pour lutter contre les insectes, cependant, ceux-ci peuvent être toxiques pour certaines plantes hôtes, des animaux, les êtres humains ou l'environnement en général. Plusieurs peuvent être mortels pour les humains. Pour éviter les dangers pour la santé humaine et l'environnement, le Canada a adopté la Loi sur les produits antiparasitaires (LPA) dont l'application a été confiée à l'Agence de Réglementation de la Loi Antiparasitaire (ARLA; http://www.hc-sc.gc.ca/ahc-asc/branch-dirgen/pmra-arla/index-fra.php). La catégorie d'utilisation (domestique, commerciale, agricole), les risques pour la santé et l'environnement, les conditions et les restrictions à l'utilisation de chaque pesticide sont décrits sur l'étiquette accompagnant le produit. Il est obligatoire de se conformer aux directives et conditions énoncées sur l'étiquette d'un pesticide. Les provinces peuvent aussi réglementer l'utilisation et les utilisateurs de pesticides sur leur territoire. Pour plus d'information, consulter la base de données de l'ARLA à l'adresse suivante : http://pr-rp.pmra-arla.gc.ca/portal/page?_pageid=53,33557&_dad=portal&_schema=PORTAL

3. Biologique

Mettre au point de contrôles biologiques contre une maladie est toujours un travail de longue haleine qui demande beaucoup d'observations et de manipulations. Ce genre de contrôle n'est toujours pas disponible pour la maladie corticale de l'hêtre, mais divers facteurs ont été étudiés et certains de ceux-ci semblent prometteurs. En effet, les épiphytes de l'écorce semble accroître la résistance des hêtres en opposant une barrière physique à l'installation des cochenilles (Houston 1996).Au moins un parasite de N. faginata est connu soit Gonotorrhodiella higlei A.L. Smith. Ce parasite ne s'attaque qu'à ce Nectria et il semble en réduire la croissance. Il semble donc un agent de contrôle possible (Ayers 1941; Perrin 1977).Quelques prédateurs s'attaquent aux kermès du hêtre comme l'acarien Allothrombium mitchelli. L'effet de ces acariens a été observé en forêt et une caractérisation plus complète en laboratoire permettra probablement de déterminer avec plus de précision le potentiel de contrôle biologique par cet type d'agent (Wiggins et al. 2001).

4. Génétique

Après le passage de la maladie corticale du l'hêtre dans un peuplement, il est possible d'identifier des hêtres à grande feuille résistants à la maladie, car ceux-ci ont été peu ou pas atteint par la maladie. Il faut veiller à les conserver, de plus ces arbres ce propageront souvent de manière végétative par les racines et leur graines pourront germer et produire de nouveaux arbres sains. Ces arbres ont souvent un tronc lisse (Davis and Meyer 2004; McCullough et al. 2005; Heyd 2004).

5. Les étapes d'un programme de lutte intégrée

  1. Inspecter le peuplement pour établir un bulletin de santé général. Déterminer la composition du peuplement et sa densité, la taille, l'âge et l'état de santé des arbres.
  2. Réduire la proportion de hêtres surtout s'ils sont dominants dans l'étage supérieur et avec une écorce rugueuse.
  3. Garder une zone tampon faite d'arbres d'autres essences autour des hêtres moins susceptibles pour les protéger des agents de stress.
  4. Dès les premières attaques de Neonectria faginata, continuer à réduire la proportion de hêtres dans le peuplement et couper tous les hêtres infectés. Traiter à l'herbicide les rejets de souche des arbres infectés tout en préservant les hêtres qui sont peu ou pas attaqués.
  5. Augmenter la diversité du peuplement en favorisant la croissance d'autres essences.
  6. Réduire la population de kermès en traitant mécaniquement et chimiquement les hêtres si leur petit nombre le permet.
  7. Protéger les hêtres résistants et favoriser leur reprise après le passage de la maladie.

Références

Références

  1. Ayers, T.T. 1941. The Distribution and Association of Gonatorrhodiella highlei with Nectria coccinea in the United States. Mycologia 33(2): 178-187.
  2. Burns, B.S., and Houston, D.R. 1987. Managing beech bark disease: evaluating defects and reducing losses. North. J. Appl. For. 4(1): 28-33.
  3. Davis, C. and Meyer, T. 2004. Field Guide to Tree Diseases of Ontario. Natural Resources Canada, Canadian Forest Service, Great Lakes Forestry centre, Sault Ste. Marie, NODA/NFP Technical report TR-46 (Rev. ed.), 138 pp.
  4. Farrar, A., and Ostrofsky, W.-D. 2006. Dynamics of American beech regeneration 10 years following harvesting in a beech bark disease-affected stand in Maine. North. J. Appl. For. 23(3): 192-196.
  5. Heyd, R.L. 2004. Managing Beech Bard Disease in Michigan. Beech Bark Disease. In Proceedings of the Beech Bark Disease Symposium, Saranac Lake, New York, June 2004. USDA Forest Service, Northeastern Research Station, Gen. Techn. Rep. NE-331, pp. 128-137.
  6. Houston, D.R. 1996. Potential for Biologically based control of Beech Bark Disease in the Southern Appalachians. Southern Appalachian Biological Control Initiative Workshop
  7. McCullough, D.G., Heyd, R.L., and O'Brien, J.G. 2005. Biology and Management of Beech Bark Disease: Michigan's Newest Exotic Forest Pest. Extension Bulletin E (2746): 12 pages.
  8. Ostrofsky, W.D., and McCormack, M.L., Jr. 1986. Silvicultural management of beech and the beech bark disease. North. J. Appl. For. 3(3): 89-91.
  9. Perrin, R. 1977. Gonatorrhodiella higlei A.L. Smith, hyperparasite de Nectria coccinea Pers. ex Fries, un des agents de la maladie du hêtre; Gonatorrhodiella higlei, a hyperparasite of Nectria coccinea, a pathogen of beech. Compte Rendu des Séances de l'Académie d'Agriculture de France 63(1): 67-70.
  10. Wiggins, G.J., Grant, J.F., and Welbourn, W.C. 2001. Allothrombium mitchelli (Acari: Trombidiidae) in the Great Smoky Mountains National Park: incidence, seasonality, and predation on beech scale (Homoptera: Eriococcidae). Annals of the Entomological Society of America 94(6): 896-901.
Auteurs

Auteurs

Josée Grondin et Pierre DesRochers

Réviseurs

Réviseurs

Jacques Tremblay

Photos