Contrôle des espèces
Insectes
Introduction
Depuis le début du 19e siècle1, on dénombre de nombreux insectes et de nombreuses maladies forestières exotiques introduites au Canada. Si la prévention des introductions demeure la meilleure façon de protéger les forêts canadiennes des effets néfastes des ravageurs exotiques2, il est aussi essentiel d'avoir des outils pour lutter rapidement contre les nouvelles introductions et pour contrôler les ravageurs qu'on n'a pu empêcher de s'établir. Selon Myers et coll.3, en plus de l'éradication, il existe d'autres stratégies de contrôle de ces ravageurs. On peut réduire la densité d'un ravageur exotique dans l'aire infestée, en ralentir la progression ou utiliser des outils de contrôle biologique classique.
1 - Éradiquer
Lorsqu'une espèce exotique envahissante est introduite et s'établit sur un nouveau territoire, l'éradication est parfois possible, si certaines conditions sont respectées4,5 :
- le programme d'éradication doit être doté de ressources financières suffisantes;
- la délégation d'autorité doit être claire et les pouvoirs de l'organisme responsable de l'éradication doivent permettre les interventions nécessaires;
- le ravageur exotique qu'on désire éradiquer doit être sensible aux moyens utilisés;
- il faut être en mesure de prévenir une ré infestation;
- on doit pouvoir détecter de faibles populations du ravageur rapidement après leur introduction;
- il faut planifier la restauration du milieu affecté par les mesures d'éradication au besoin.
Le longicorne asiatique est un bon exemple d'un ravageur qui se prête bien à l'éradication. En effet, du point de vue biologique il est possible de détecter une petite infestation introduite récemment; les moyens utilisés, à savoir l'abattage systématique des arbres hôtes dans la zone réglementées et leur mise en copeaux sont efficace; on peut prévenir la ré infestation en continuant les enquêtes et les interventions et en contrôlant le transport du matériel infesté dans la zone réglementée. De plus, les pouvoirs des organismes nationaux de protection des plantes, tel l'ACIA au Canada, sont généralement clairs en matière d'intervention. Des budgets adéquats ont été accordés. Si bien qu'au Canda, à Toronto, aucun arbre infesté par le longicorne asiatique n'a été observé depuis décembre 20086. Aux États-Unis, le longicorne asiatique a été éradiqué en Illinois et au Japon à Yokohama7.
Un autre exemple, c'est la spongieuse qui a été éradiquée de Colombie-Britannique après chaque incursion dans cette province8.
La détection précoce d'une espèce envahissante rend son éradication plus facile et en favorise le succès9. Selon Régnière10, la faible superficie d'une infestation favorise son éradication.
En ce qui concerne les maladies, il serait aussi possible d'en éradiquer. Par exemple, des foyers isolés de la race européenne du chancre scléroderrien, tel le foyer du comté de Madawaska au Nouveau-Brunswick pourrait être éradiqués. En effet, la maladie répond bien au traitement11 et les risques de réinfection sont faibles compte-tenu de la faible dispersion naturelle du chancre et de l'existence de zones réglementée. Malheureusement, aucun effort d'éradication n'a été tenté à ce jour.
2 - Réduire de la densité
Lorsqu'il n'y a pas de condition favorisant l'éradication d'un ravageur exotique, il peut être opportun de réduire la densité de ce dernier sous un seuil acceptable afin de diminuer par la suite les coûts de contrôle du ravageur12.
La rouille vésiculeuse du pin blanc a été introduite au Canada au début du 20e siècle. Elle est présente partout au Canada et n'est pas réglementée. Son impact économique est important. Il est possible d'en réduire les effets en plantant des pins blancs dans des zones où cette essence sera moins vulnérable13 et en traitant les plantations au moment de l'établissement et dans leur jeune âge pour limiter la prévalence de la rouille14.
3 - Ralentir la progression
Des stratégies de ralentissement de la progression (Slow the spread) peuvent être utilisées pour empêcher un ravageur exotique déjà établi sur une portion du territoire de se propager à l'extérieur de la zone touchée. Ces stratégies visent à évaluer les populations de ravageurs avec précision dans la zone de transition entre la zone infestée et la zone sans le ravageur15. Elle vise aussi à traiter les régions de la zone de transition où une augmentation de population du ravageur est notée au moyen d'un ou plusieurs moyens de contrôle16.
Aux États-Unis, un programme de ralentissement de la progression de la spongieuse est mis en œuvre par la STS Foundation avec la collaboration du USDA Forest Service. Le financement est fournit par l'Animal and Plant Health Inspection Service (APHIS) par son programme de protection et de quarantaine des plantes17. Une stratégie de ralentissement a aussi été proposée pour les foyers d'infestation satellites de l'agrile du frêne aux États-Unis18. Au Canada, l'établissement d'une zone réglementée, l'abattage et la destruction d'arbres infestés par l'agrile du frêne ou suspectés de l'être à Carignan vise aussi à ralentir la propagation de l'insecte. De cette façon on permet aux chercheurs de développer des moyens de détection et de lutte adéquats avant que l'infestation n'explose.
4 - Contrôler biologiquement
Lorsqu'une population endémique d'un ravageur exotique est établie, l'utilisation d'outils de contrôle biologique permet souvent de réduire les dégâts qu'il cause. On compte parmi ces outils l'introduction d'agents pathogènes sélectifs, de parasites et de prédateurs, de géniteurs stériles ou l'utilisation d'agents perturbant la reproduction19,20.
Depuis sa fondation, le Service canadien des forêts a réalisé avec succès l'introduction d'agents de lutte biologique contre six ravageurs exotiques ; la tenthrède du mélèze21, le porte-case du mélèze22, la petite mineuse du bouleau23,24,25 la tenthrède du sorbier26, l'arpenteuse tardive27 et le diprion du pin sylvestre28.
Et les chercheurs du Service canadien des forêts continuent de réaliser des recherches en lutte biologique contre la maladie du rond29,30,31 la maladie corticale du hêtre32, la spongieuse33, le diprion du pin sylvestre34, le grand hylésine des pins35, l'agrile du frêne, le longicorne brun de l'épinette et la guêpe européenne du pin36.
Objectifs
Cette section du portail sur les EEEF présente de l'information sur le contrôle légal, la prévention des infestations ou des infections, les méthodes de contrôle mécanique et sylvicole, chimique, biologique et génétique et sur la lutte intégrée contre plusieurs ravageurs exotiques.
On présente des informations sur la lutte contre des espèces exotiques envahissantes non présentes et non désirées au Canada. L'information est destinée à permettre aux intervenants légaux à leurs partenaires de mettre en œuvre des moyens de contrôle dans les plus brefs délais après la détection d'une nouvelle introduction.
Elle porte aussi sur des ravageurs exotiques déjà établis au Canada. Elle s'adresse aux propriétaires et gestionnaires de terres publiques et privées qui désirent protéger leurs forêts contre ces ravageurs, afin de leur fournir l'information nécessaire sous forme d'une synthèse claire et précise. Elle s'adresse aussi aux praticiens en protection des arbres et des forêts.
Références
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Auteur
Pierre DesRochers